Je ne sais pas pour vous, mais quand j'étais petite, c'était pour moi tout un évènement quand on achetait une plaque de chocolat Poulain ou un paquet de chocolat en poudre de la marque, je n'avais qu'une envie, me jeter dessus pour découvrir la nouvelle image cachée sous le papier alu entourant la plaque ou collée le long du sachet de poudre !
Un peu d'histoire
C'est Victor Auguste Poulain, fondateur de la chocolaterie, qui eut l'idée de glisser dès 1866 des petites vignettes instructives dans ses plaques de chocolat (de la taille d'un timbre poste). Mais à cette époque, elles ne mentionnaient pas encore le nom de la marque. Albert Poulain, fils du fondateur, améliora le principe en prenant exemple sur d'autres entreprises qui pratiquaient la chromo-réclame (notamment le Bon Marché, grand magasin parisien), grâce au nouveau procédé technique de chromolithographie qui s'est développé après l'exposition universelle de 1878.
Destinées au départ aux adultes pour annoncer des soldes ou des nouveautés, ces images colorées ont vite attiré les enfants. A partir de 1882, dans tous les chocolats Poulain, on trouvait des vignettes qui faisaient partie d'un ensemble racontant une histoire, les enfants étaient ainsi incités à acheter d'autres chocolats pour connaître la suite de l'histoire.
Bien qu'Albert ne soit pas l'inventeur du concept, il est celui qui l'a propagé. Plus de 20 000 histoires différentes ont été créées entre 1881 et 1912. En comparaison, le Bon Marché n'en a diffusé que 178.
En 1900, 350 000 chromos étaient éditées par jour, 127 millions par an ! Ce qui est étonnant, c'est qu'à cette époque, Poulain était la seule chocolaterie à posséder une imprimerie directement intégrée à la fabrique de chocolat, elle employait 70 personnes à elle seule.
Années 60
Chaque album rempli donnait même droit à deux vrais disques.
Années 70-80
Il y a eu 46 séries d'images, donc 46 albums, 24 images pour chaque série.
Plus tard il y également eu des albums mini-reporter et Fondation Ushuaia.
Sur chaque emballage de chocolat, il y avait un point à découper, les "coupons-dossiers". En les cumulant, on pouvait se faire envoyer par la Poste les albums thématiques (par deux) où on collait les images. Elles n'étaient pas autocollantes comme les images panini, il fallait utiliser de la colle.
Voici une très belle publicité magazine de 1985.
J'ai eu beaucoup d'albums à l'époque, ma gentille petite maman m'en commandait régulièrement dès que j'avais assez d'images dans une série.
On pouvait faire des échanges avec ses doubles si besoin pour récupérer des images manquantes (on en envoyait deux pour en obtenir une si je me souviens bien).
Les albums que j'ai eus s'appelaient "connaissances de...". Je me souviens encore des petits portraits des auteurs que l'on voyait sur la couverture de chaque album.
Ces dossiers étaient constitués de deux simples fiches cartonnées A3 pliées en deux, elles n'étaient pas agrafées. Les premiers étaient seulement en noir et blanc, mais cela faisait mon bonheur !
Je ne les ai malheureusement pas gardés, je n'ai que quelques images, retrouvées depuis.
Ci-dessous l'album sur les papillons de jours :
Au dos de chaque image, il y avait son numéro, le numéro de la série à laquelle elle appartenait et une petite liste d'autres séries proposées à cette période-là.
Certains albums étaient présentés et écrits par des personnailtés, comme par exemple "Connaissance des engins interplanétaires" par Michel Chevalet ou "Connaissance du Tennis" par Yannick Noah.
En 1984, il y avait un million d'enfants collectionneurs (1 sur 8), on n'en comptait plus que 25 000 en 1994. La diffusion des images Poulain a été stoppée en 1995.
Pour terminer, voici une petite parenthèse liée au chocolat Poulain. J'ai eu aussi la chance d'avoir un très beau plateau télé avec les points Poulain à cette même époque. Il était très pratique avec ces petites cases et permettait également de s'amuser avec un jeu de puce si on voulait.
Je l'ai retrouvé sur un vide-grenier il y a quelques années.