Merlin était un jouet électronique de poche créé par Parker Brothers (Miro Meccano en France) en 1978.
C'était un compagnon de jeu très intelligent et bien sympathique, à la fois jeu de hasard, de stratégie, de mémoire et de logique, on pouvait même apprendre à jouer de la musique avec lui.
Ce qui le rendait particulièrement attrayant, outre ses petites lumières rouges, c'est qu'il était très bavard, il émettait tout un tas de sons différents pour répondre, encourager, féliciter, bougonner ou même se moquer à l'occasion !
Cet ancêtre des jeux électroniques, et même le tout premier en version portable, a été imaginé par Bob Doyle, un inventeur et un scientifique, titulaire d'un doctorat en
astrophysique à l'Université Harvard, rien que ça ! Avec sa femme, Holly Thomis Doyle, et son beau-frère, Wendl Thomis, il a fabriqué à partir de 1974, 25 prototypes de jeux électroniques, dont 6 d'entre eux sont sortis dans le commerce grâce à Parker Brothers.
Ci-contre à droite, un des prototypes originaux de Merlin.
Le jeu, constitué d'un boitier rectangulaire en plastique rouge de 25 x 7cm, ressemble à une espèce de gros téléphone cellulaire. Sur la partie supérieure, il y a un haut-parleur et en bas 4 boutons de commande. La partie centrale de l'appareil possède quant à elle 11 touches équipées de leds rouges sur lesquelles il faut appuyer selon une combinaison spécifique propre au jeu sélectionné.
Il émet 20 sons différents et a besoin d'une alimentation de 6 petites piles rondes de 1,5V, un peu gourmand l'animal ! Par contre, c'était assez pratique qu'il utilise ce format de piles car on en trouvait toujours dans la maison, je me rappelle que bon nombre de jeux électroniques de cette époque utilisaient ces satanées piles carrées 9V qu'on n'utilisait peu en dehors de cet usage.
Il était vendu au prix de 188 Francs en 1978 (250 F en 1983), ce qui était assez cher pour l’époque (en comparaison l’arbre magique coûtait 79F et le jeu Docteur Maboul 52F par exemple).
La volonté de Parker Brothers à cette époque était de surfer sur la nouvelle mode des jeux électroniques créés pour la télévision, comme Pong arrivé en 1972 dans les
foyers américains (1975 en France), en introduisant eux aussi de l'électronique dans leurs jeux et jouets.
Entre 1977 et 1979, le marché du jeu électronique a explosé. La même année, chez le concurrent MB (Milton Bradley) le fameux Simon faisait son apparition. En 1979, pour contrer Merlin, MB lancera même le jeu Microvision, précurseur des consoles à cartouches.
Merlin a été le gros succès commercial de noël 1979 en France. La "Toy Manufacturers of America" l'a même nommé meilleur jeu/jouet aux Etats-Unis en 1980.
Ci-contre à droite la couverture du magazine "Newsweek" en 1980 avec l'autre jouet très en vogue à la même époque : Simon.

Il s’en est écoulé au total 5 millions d’exemplaires, ce qui en fait le jeu le plus vendu cette année là ! Un gros succès qui a même continué après la sortie des fameux Game & Watch de Nintendo en 1980.
En 1983, Miro Meccano sortit "Master Merlin", une version plus pointue qui proposait 9 jeux mais qui est passé relativement inaperçue en France. Et en 1996, Merlin fit un autre retour (mais pas en France) avec "Merlin The 10th Quest", celui-ci possédait un écran LCD. Depuis cette dernière version, Merlin n'est plus du tout commercialisé.
Voici les 6 jeux auxquels on peut jouer avec Merlin
Jeu n°1 : le morpion (ou Tic-tac-toe) : il s'agit d'être le premier à occuper 3 carrés en ligne, horizontalement, verticalement ou diagonalement. On joue contre Merlin.

Ses coups sont marqués avec une lumière fixe et un son grave, les nôtres avec des lumières clignotantes et des sons clairs. Ses caractéristiques s'appliquent d'ailleurs à la plupart des jeux.
Jeu n°2 : la composition musicale : on peut créer de la musique grâce à Merlin ! Pour cela on appuie sur les touches 1 à 10 qui correspondent aux notes de la gamme. La touche zéro correspondant à un silence. On peut composer un air avec 48 notes maximum. Une fois le morceau créé, on appuie sur la touche "MERLIN" et il rejoue l'air. Sur la notice du jeu, il y a des musiques célèbres qu'on peut s'amuser à refaire : Frère Jacques, Au clair de la lune, Jingle Bells etc...
Jeu n°3 : l’écho : une sorte de Simon, il faut répéter un air que Merlin joue. On choisit le niveau, et donc le nombre de notes à retrouver grâce aux touches 1 à 9.
Jeu n°4 : le black jack : avec les touches de 1 à 10 qui symbolisent 10 cartes à jouer, il faut atteindre un score le plus proche possible de 13 sans le dépasser (dans le vrai black Jack, c’est 21). Je n'ai jamais bien compris comment on y jouait à ce jeu-là à vrai dire !
Jeu n°5 : le carré magique : Il faut former un carré de 8 lumières qui doivent clignoter en
même temps. Merlin choisit d'en allumer certaines au départ (au minimum une) et c'est à nous d'arriver à retrouver l'ordre logique des touches pour refaire le carré. La difficulté vient du fait que quand on allume certaines lumières, ça en éteint d'autres au même moment.
Jeu n°6 : jeu de code : on doit découvrir un chiffre-code que Merlin a secrètement programmé. On choisit le niveau de jeu avec les touches numérotées. Un clone de Mister-Mind en quelque sorte.
Mes souvenirs
J'ai eu Merlin quand j'avais 9 ans, et on peut dire que j'ai joué des heures et des heures avec ce fantastique jouet ! J’aimais bien son nom déjà, il évoquait la malice et la magie. C'était mon tout premier jeu électronique avant une longue série, il est sans aucun doute à l'origine de mon côté geek et fan de jeux video. Il me faisait irrésistiblement penser à un objet de science fiction avec ses lumières rouges et ses bruits synthétiques. Et puis moi qui étais enfant unique, je trouvais génial d'avoir un copain électronique qui me parlait et qui communiquait avec moi.
J'aimais particulièrement m'amuser avec la composition
musicale en essayant de retrouver des mélodies connues (notamment Frère Jacques comme dans la pub, je me souviens qu'il fallait jouer avec les silences si on voulait que ça ressemble à quelquechose au final) ou en laissant libre court à mon imagination, et j'en avais à revendre !
Je l'ai toujours préféré à Simon que je possédais en version pocket pratiquement en même temps. Certes, Merlin ne connaissait que la couleur rouge, contrairement à son cousin, mais il était beaucoup plus ludique et rigolo avec tous les jeux qu'il proposait.
Je suis très heureuse d’avoir retrouvé un Merlin en boite dans un Emmaüs il y a quelques années, quel plaisir d’entendre de nouveau la "voix" de mon bon vieux copain d’enfance !
Voici une publicité papier de 1979 (comme celle avec le renard plus haut) :

Et voici pour finir une pub télé française de 1979 :