Visuellement, c'est une claque, tant sur le plan des décors que des lumières. J’aime particulièrement son esthétisme et ses effets spéciaux grandioses (sans numérique à l'époque !), l'ambiance anxiogène et claustrophobique, mêlée à une sorte de mélancolie que la somptueuse musique de Vangélis rend si envoûtante.
Et dire que l'action se déroule en novembre 2019... ça me paraissait si loin en 1982. Et on y est arrivé !
Comme pour "New-York 1997" ou "Retour vers le futur" qui se déroulait en octobre 1985 (un grand dossier à découvrir ICI) je trouve toujours ça étrange quand on arrive à ces fameuses dates fatidiques dans les films de science fiction.
L'histoire
Los Angeles, novembre 2019.
Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d’un vaisseau, des répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont déclarés "hors la loi".
Quatre d’entre-eux, Roy Batty, Pris, Leon et Zhora font tout pour retrouver leur créateur à la Tyrell Corporation, la société qui les a fabriqués, et l’obliger à rectifier leur caractère génétique qui les limite à une durée de vie de 4 à 5 ans tout au plus.
La police charge alors Rick Deckard, un Blade Runner, flic spécialisé en la matière, de retrouver coûte que coûte les fuyards. Il chassera les Réplicants afin de les "retirer", mais tombera amoureux d'une d’entre eux : Rachel. Cette dernière est assistante d’Eldon Tyrrel, son créateur, et se croit humaine. Deckard sera chargé de l’éliminer, mais ne pourra s’y résoudre.
Ci-dessus à droite, l'affiche du film pour sa sortie en salle en France le 15 septembre 1982.
Rick Deckard (Harrison Ford, voix française : Richard Darbois) est un Blade Runner, un membre spécial chargé de la traque des Réplicants indésirables pour la police de Los Angeles.
Harrison Ford a eu la grande carrière qu'on lui connait ces 3 dernières décennies et a repris du service dans la peau de Deckard en 2017 dans "Blade runner 2049".
Petit détail amusant : il était prévu que Deckard porte un chapeau. Mais Harrison Ford ne voulait pas car il venait de terminer Indiana Jones. Ridley Scott l'accepta.
Roy Batty (Rutger Hauer) est le chef des renégats échappés de Mars. C’est le "fils prodigue" d'Eldon Tyrell, son créateur. C'est un combattant très intelligent qui peine à contrôler ses émotions.
L'acteur a joué notamment dans "Sin City", "Batman Begins," et en 2017 "Valérian et la Cité des Mille Planètes" de Luc Besson. Il est décédé le 19 juillet 2019 à l'âge de 75 ans. Détail troublant, il a disparu la même année que son personnage dans "Blade runner".
Rachel ou Rachael (Sean Young) est une réplicante dernière génération, dotée d'une mémoire affective. Elle a reçu les souvenirs de Sarah, la nièce de Eldon Tyrell, son créateur, lui permettant de se croire humaine à part entière.
La ténébreuse Sean Young, qui a marqué tous les fans du film par sa sensualité, a eu une carrière très chaotique. L'ex top model a joué dans "Dune", "Sens unique", "Wall Street" et "Ace ventura" mais elle est passée à côté de grands rôles qui auraient pu faire décoller sa carrière. Pour les "Aventuriers de l'arche perdue", elle avait passé des essais avec Tom Selleck qui postulait pour le rôle de Jones mais n'a pas été retenue (lui non plus !). Pour "Batman" de Tim Burton, elle s'était cassé le bras à une semaine du tournage. Elle a été remerciée après plusieurs jours de tournage sur "Dick Tracy". Le rôle de Catwoman dans "Batman le défi" lui a aussi échappé. Et elle a dû refuser le rôle de Sharon Stone dans "Casino" car elle était enceinte.
Broyée par la machine hollywoodienne et trimbalant une image d'ingérable sur les plateaux de tournage, l'actrice a eu pas mal de problèmes d’alcoolisme.
Gaff (Edward James Olmos), est un aussi Blade Runner de la police. C’est un personnage très mystérieux par son langage (le Cityspeak, un mélange de langues) et ses origamis.
On connait l'acteur dans d'autres rôles fameux, notamment le lieutenant Martin Castillo dans la série "Deux flics à Miami" et l'amiral William Adama dans "Battlestar Galactica".
Zhora (Joanna Cassidy). Cette réplicante fait vivre tout le groupe de Nexus 6 par son travail de danseuse exotique au bar de Taffey Lewis.
L'actrice a tenu des rôles dans de nombreuses séries télé. Elle a également joué dans pas mal de films au cinéma mais on se souviendra d'elle surtout pour son rôle de serveuse sexy dans "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?".
Pris (Daryl Hannah) est un réplicante créée pour le divertissement, un "modèle de plaisir". C’est la petite amie de Roy.
Après son rôle dans "Blade runner", elle a enchaîné avec pas mal de films dans les années 80 et 90, notamment "Splash" en 1984. Dans "Kill Bill" en 2003, elle incarnait une redoutable tueuse borgne.
J.-F. Sebastian (William Sanderson), est généticien à la Tyrell Corporation, il souffre du syndrome de Mathusalem (qui rappelle la progéria, maladie qui provoque le vieillissement accéléré). Il vit en solitaire avec des automates qu'il a lui-même créés. Il apprécie les échecs auxquels il joue avec le Dr Eldon Tyrell.
L'acteur a joué dans de nombreuses séries télé depuis 1979 et toujours dans les années 2000 ("Deadwood", "True blood").
Leon Kowalski (Brion James), est le bras droite de Roy Batty. Il n'est pas très intelligent.
Au cinéma l'acteur a joué notamment dans "Tango et Cash" en 1989 et dans "Le Cinquième Élément" en 1997 (L'inspecteur Munro). Il est mort d'une crise cardiaque le 7 août 1999.
Dr Eldon Tyrell (Joe Turkell), est le créateur des Réplicants. C’est le fondateur de la Tyrell Corporation.
Le comédien a joué dans 3 films de Stanley Kubrick : "L'Ultime Razzia" en 1956, "Les Sentiers de la gloire" en 1957 et "Shining" en 1980 (c'était le barman de l’hôtel face à Nicholson).
L'histoire est tirée du roman "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" (en v.o : "Do Androids Dream of Electric Sheep ?"), écrit par Philip K. Dick en 1966.
En plus de ce roman, il a écrit d'autres ouvrages qui ont aussi servi de base à des films, comme "Planète hurlante" sorti en 1995 (basé sur le roman "Nouveau modèle" de 1953), "Minority report" en 2002 ("Rapport minoritaire", 1956), "Total Recall" en 1990 ("Souvenirs à vendre", 1966), et même la série animée "Cobra" (1982) tirée de la même nouvelle que "Total Recall".
Avant de prendre son nom définitif en 1980, le film a failli s'appeler "Dangerous Days", "Androids", "Mechanismo" et même… "Gotham City" !
Voici quelques points de divergence entre le livre et le film :
- Le mot "Blade runner" ne figure pas dans le texte original.
- L’action du roman se déroule en 1992 à San Francisco et pas en 2019 à Los Angeles.
- Dans le livre, la ville est sous la neige et elle est saturée de poussière radioactive au niveau de l’air et du sol.
- Dans le film les rues grouillent de monde alors que dans le roman la ville est déserte car la plupart des habitants a émigré sur Mars. Il reste seulement quelques survivants qui ont reçu des radiations et les policiers qui doivent maintenir l’ordre.
- Dans le roman, Deckard est marié. Sa femme s'appelle Iran.
Ci-contre à droite, le mouton électrique par F'murr, auteur de la série "Le Génie des alpages".
- Dans le roman, les humains disposent d’orgue d’humeur pour programmer leur état d’esprit et de boîtes à empathie qui leur permettent de communier avec une sorte de prophète religieux, Wilbur Mercer.
Réalisation et casting
Venu de la publicité, le pointilleux et perfectionniste réalisateur britannique Ridley Scott avait déjà à son actif le gros succès d' "Alien" (tourné 3 ans auparavant) lorsque le projet "Blade runner" a atterri entre ses mains. Plusieurs réalisateurs avaient été auparavant intéressés pour adapter le roman de Philip K. Dick à l'écran. Martin Scorcese s'y était ainsi penché dès 1968.
Pour le rôle de Deckard, de célèbres acteurs furent pressentis : Robert Mitchum, Gregory Peck, Peter Falk, Al Pacino, Nick Nolte et Dustin Hoffman.
Le choix s'est finalement porté sur Harrison Ford qui était extrêmement populaire à l'époque auprès des jeunes grâce à "Star Wars" (l'épisode 4 était sorti en 1977 et l'épisode 5 en 1980). Il venait également de terminer "Les Aventuriers de l’Arche perdue". Ridley Scott était d'ailleurs allé sur le tournage pour juger de la performance de l'acteur.
Une page du magazine "Ciné Revue" de 1982 avec une dédicace de l'acteur.
Ridley Scott et Harrison Ford pendant le tournage.
Pour ses cascades, Harrison Ford était doublé par Vic Armstrong. Ce dernier a joué ses doublures également dans "Star wars" et les 3 "Indiana Jones".
Ridley Scott, Joanna Cassidy et Harrison Ford.
Rutger Hauer fut engagé par Ridley Scott alors que le réalisateur ne l'avait même pas rencontré. Il s'était juste contenté de visionner les films de Paul Verhoeven dans lequel l'acteur avait tourné (son compatriote néerlandais). Notamment "Soldier of Orange" (1977) où il incarne un résistant hollandais pendant la Seconde guerre mondiale.
C'est Rutger Hauer qui proposa la partie de cache-cache mortel avec Deckard sur le toit au lieu de se battre avec lui comme prévu dans le scénario ("je suis pas Bruce Lee !", aurait-il dit). C'est également lui qui eut l'idée de tenir une colombe dans ses bras lors de sa fameuse scène finale. Et comme il trouvait son monologue trop long et compliqué, il fit enlever des passages et il improvisa la dernière phrase la veille du tournage : "... et tous ces moments vont être perdus dans le temps, comme des larmes sous la pluie. Il est temps de... mourir."
Ridley Scott avec Rutger Hauer, Daryl Hannah et William Sanderson.
Effets spéciaux et maquettes
La bande-dessinée passionne Ridley Scott. Il avait précédemment travaillé à une adaptation de "The Long Tomorrow" de Jean Giraud (alias Moebius) et il a tout fait pour que son film soit tourné dans un esprit proche de la BD.
Le réalisateur s'est aussi entouré de techniciens de génie : le décorateur Lawrence G.Paull, le designer industriel Syd Mead et un des pionniers des effets spéciaux visuels, Douglas Trumbull.
Syd Mead avait travaillé sur "Star Trek" et "Tron". Très influencé par "Metropolis" de Fritz Lang, il a aussi réalisé le design des décors et conçu l'architecture des bâtiments. Il s’est aussi occupé de la trentaine de véhicules futuriste et de l’ensemble des objets high-tech qui parsèment le film.
Ci-dessous, Ridley Scott, Syd Mead et David Dryer, superviseur des effets spéciaux.
Ci-dessous un dessin préparatoire original de Syd Mead du Los Angeles de novembre 2019.
Douglas Trumbull, le maître des effets spéciaux, avait déjà à son actif un sacré palmarès : "2001 : L’Odyssée de l’espace", "Rencontres du Troisième Type" et "Star Trek" (le film).
Ci-dessous Douglas Trumbull et la maquette de la pyramide de la Tyrell Corporation.
Maquettes
En 1982, les premières images numériques apparaissaient dans les longs métrages et pourtant les effets de "Blade Runner" ont été réalisés traditionnellement.
Le tournage avec ces maquettes s’est étendu sur dix mois et a commencé à peu près en même temps que les plans "classiques" tournés par Ridley Scott.
Près de 400 personnes (menuisiers, peintres et plâtriers) ont travaillé sur les maquettes du film.
Ci-dessous la maquette de la pyramide de la Tyrell Corporation.
Pour la séquence du début du film, le survol fictif du paysage industriel et de la pyramide, les maquettes étaient filmées en perspective forcée à travers des épaisseurs de fumée afin de créer de la profondeur et de jouer sur la perspective.
Les effets de feu et d’explosions ont été incrustés, ces images avaient auparavant été filmées par Trumbull sur des bobines 35 mm. Ce dernier avait qualifié cette scène d'ouverture de "paysage de Hadès" (Dieu des Enfers dans la mythologie grecque).
L'équipe a dû réaliser des milliers de miniatures en laiton gravées à l’acide dont l'échelle était progressivement réduite. Ils ont accumulé des rangées et des rangées de ces silhouettes créées à partir de photos prises de tours, de tuyaux, de tubes et d’autres horizons industriels qu’ils ont pu prendre comme modèle autour d'eux.
Les maquettes étaient éclairées par le dessous avec des centaines de faisceaux de fibres optiques, donnant l'illusion de milliers de lumières sur les bâtiments.
Los Angeles 2019 en miniature.
Le bâtiment avec le sushis bar "Yellow Flame".
La maquette du bureau du Dr. Eldon Tyrell à la Tyrell Corporation.
Véhicules
Ci-dessous le dessin préparatoire de spinner par Syd Mead.
Les maquettes à diverses échelles.
Taille réelle.
D'autres véhicules du film.
Le dirigeable et ses écrans publicitaires.
Matte painting
Ci-dessous, Matthew Yuricich en plein travail sur le matte painting de l'extérieur de l'appartement de Deckard.
L'oeuvre est partiellement peinte sur une grande photo imprimée (d'action réelle) mettant en scène Harrison Ford. Cela permet à l'artiste d'assurer un mélange homogène entre la peinture et la réalité.
Ici la peinture de Matthew Yuricich qui a été utilisée pour la prise de vue sur le toit du Bradbury où Rutger Hauer et Harrison Ford se battent.
On peut voir également le Bradbury Building de George Wyman, construit en 1893. Lieu de tournage de l'appartement de JF Sebastian.
Pour l'anecdote, une des scènes de "The Artist" (2011) a été tourné dans cet immeuble si particulier.
Les scènes du commissariat ont été tournée à l'Union Station, la gare ferroviaire de Los Angeles. Pour info, une partie du décor construit dans la gare existe encore aujourd’hui.
Le tunnel que Deckard emprunte pour rentrer chez lui se trouve sur Hill Street à Los Angeles.
Le reste du film fut réalisé sur 17 semaines dans les studios de Burbank, dans des décors de rues de New York construits en 1929 qui servirent aussi à de nombreux films noirs des années 1940. Justement, dans "Blade runner" il y a une influence général du film noir des années 40 et de ses codes : le héros est un flic désabusé et cynique qui évolue dans un univers sombre ou l’on retrouve la classique femme fatale, ici Rachel. Il est donc à mi-chemin entre le film d’anticipation et le polar des années 40.
Une vidéo très bien faite sur les lieux de tournage ICI.
Lors de la projection test, les réactions du public furent négatives. Les gens s'attendaient sans doute à un autre space opera façon "Star wars" et pas un polar sombre invitant à la méditation philosophique. Beaucoup n'ont également pas compris le sens de l'histoire elle-même.
Les producteurs, craignant le flop financier, ont donc fait remonter le long métrage, sans l'accord de Ridley Scott.
Harrison Ford devenait un vrai flic humain (donc pas de doute sur son éventuelle appartenance à la race des réplicants) et la fin devenait une escapade amoureuse entre Rachel et Deckard, avec une forêt en arrière plan.
"C'est Dick qu'on assassine"
Ci-dessous la couverture du magazine Métal Hurlant numéro 79 de septembre 1982, dessinée par Ralph Reese. Le dessin est issu de "A Marvel Comics Super Special : Blade Runner", paru en septembre 1982 chez Marvel (l'adaptation du film en bande dessinée).
Dans le magazine, il y a une critique assassine d'un certain Phlippe Manoeuvre avec des sous-titres de l'article assez éloquents : "ringard", "sabotage", "ignominie", "connerie".
Est-ce qu'il assume encore aujourd'hui de l'avoir détruit à ce point-là ?
Cliquez sur l'image pour aller découvrir toutes les pages de l'article :
Reconnaissance et renaissance
Lorsqu'il fut disponible en vidéocassette, quelques années plus tard, un petit groupe d'amateurs se mirent à écrire un peu partout des articles sur le film ce qui permit de mieux le faire connaître auprès du grand public. Il a été également projeté dans de nombreux festivals, lui permettant ainsi de devenir un film culte.
Le réalisateur, empêché jusqu’au bout de faire sa rectification par un ultimatum de la Warner, a sorti une "Final cut" (version d’auteur finale) en 2007.
Le quotidien britannique The Guardian a publié en 2004 les résultats d'un sondage effectué sur soixante des plus grands scientifiques mondiaux, pour élire le plus grand film de science-fiction de l'histoire. "Blade Runner" a été classé meilleur film devançant de peu "2001 : l'odyssée de l'espace" (1968), "Star wars : La Guerre des étoiles" (1977), "Star wars : L'Empire contre-attaque" (1980), "Alien, le huitième passager" (1979) et "Solaris" (1972).
En fonction des différentes versions du film, les arguments penchent d'un côté ou de l'autre sur la véritable nature de Rick Deckard.
Alors... être humain ou réplicant qui s’ignore ? Le débat fait rage parmi les fans !
En tout cas Ridley Scott a toujours été formel : "À mes yeux, il est clairement logique, surtout quand vous réalisez un film noir, […] de faire en sorte que le personnage principal soit lui-même ce qu’il poursuit". Et il a même déclaré en 2017 "Deckard est un putain de réplicant !".
En 1982, le scénario conservait une part d’incertitude mais les producteurs ont préféré qu’il soit humain. Il ne fallait surtout pas assombrir l’image d’un Harrison Ford au sommet de sa carrière !
Par la suite les modifications successives de Ridley Scott ont progressivement acheminé son oeuvre vers un film plus sombre et plus pessimiste.
L'identité de Deckard transforme totalement la fin du film. Car si c'est un réplicant, lorsqu'il s'enfuit avec Rachel, il sera fatalement poursuivi par d'autres blade runner pour être éliminé. Et de toute façon, ils n'auront que quelques années à vivre, comme tous les réplicants.
Harrison Ford, quant à lui, l'a joué comme un humain, parce qu'effectivement rien n'indiquait explicitement dans le script qu'il était un réplicant et l'acteur a essayé de rendre le personnage sympathique.
Il explique en octobre 1992 : "Blade Runner n'est pas l'un de mes films préférés. Je me suis embrouillé avec Ridley. Le plus gros problème était qu'à la fin, il voulait que le public découvre que Deckard était un réplicant. Je me suis battu parce que j’ai senti que les spectateurs avaient besoin d’un personnage à soutenir."
Cette même année 1982, le compositeur grec obtint l'Oscar de la meilleure musique de film pour "Les Chariots de feu". Pour "Blade runner", il a été nommé au BAFTA Awards, ainsi qu'aux Golden Globes de 1983.
Demis Roussos a également travaillé sur la bande originale pour certains arrangements et chants (il faisait partie du groupe Aphrodite's Child avec Vangelis).
Vangelis a composé les thèmes musicaux en temps réel aux studios Nemo de Londres devant l'écran qui diffusait les rushs que lui envoyait Ridley Scott.
Il raconte : "Ce qui m'a le plus intéressé pour ce film, c'est l'atmosphère et le sentiment général plutôt que les thèmes distincts. L'atmosphère visuelle du film est unique et c'est ce que j'ai essayé d'améliorer autant que possible."
Ci-dessous Vangelis et ses synthétiseurs, notamment le Yamaha CS-80 qui a beaucoup été utilisé pour la B.O de "Blade Runner". Il a travaillé avec l'échantillonnage numérique afin de capturer des sons d'instruments acoustiques (comme des percussions ou des harpes) et de les manipuler à partir des claviers pendant l'improvisation.
Puis en 1989 est paru un disque comprenant quelques morceaux du film. Les fans ont dû attendre 1994 (après la réédition du director’s cut en 1992) pour écouter la B.O. officielle de douze pistes. C'était 12 ans après la sortie originale du film mais des versions illégales (bootlegs) circulaient déjà depuis longtemps.
Pour son 25ème anniversaire en 2007 (et la sortie du "Final cut"), le film a eu droit à un triple CD anniversaire (ci-contre à droite).
Sur le premier CD figurent les musiques originales. Sur le second, les musiques additionnelles qui ne figuraient pas dans le disque de 1994. Et sur le 3ème CD, ce sont de nouveaux morceaux créés par Vangélis spécialement pour marquer le 25ème anniversaire.
Détail génial qui démontre le côté perfectionniste et passionné de Ridley Scott, au moment du tournage, il avait fait installer au sommet des immeubles d’énormes haut-parleurs de théâtre diffusant la bande-son sur le plateau, ce qui fait que les acteurs entendaient exactement la même musique que dans le film. Ils étaient tous dans la même ambiance.
Deckard a quitté la police et s'est réfugié dans les forêts de l'Oregon avec Rachel. Elle repose dans un cercueil de survie afin de rallonger sa durée de vie. Un réplicant aurait apparemment échappé à la traque décrite dans le film. Sarah, la nièce de Tyrell et nouveau patron de la Tyrell Corporation, fait appel à Deckard pour l'éliminer. La jeune-femme est le modèle original de Rachel, ce qui évidemment pose quelques problèmes à Deckard.
Fiction vs réel ?
Plus de 30 ans après sa sortie au cinéma, est-ce que le film a rattrapé le monde réel en 2019 ?
Petite sélection...
Androïdes
Les androïdes de 2019 ne sont pas aussi avancés que dans le film. Créés à partir d’ADN humain, les Nexus 6 nous ressemblent en tout point. Ils sont intelligents et autonomes.
On est loin de bénéficier d’une technologie aussi pointue en bio-ingénierie aujourd'hui.
Ceci dit, des prototypes de poupées sexuelles robotiques comme Pris existent déjà. Ces robots du plaisir, appelés "sex-bots", deviennent de plus en plus interactifs.
Voight-Kampff
la machine permet aux Blade Runner de déterminer si l'interlocuteur est un Réplicant ou pas en analysant les variations dans le rythme cardiaque et la dilatation de la pupille face à des questions qui visent à provoquer volontairement des troubles émotionnels.
Ce n’est pas de la science-fiction. Plusieurs pays ont déjà recours à ces méthodes. Aux Etats-Unis notamment, de nouveaux détecteurs de mensonges utilisant l’imagerie cérébrale sont utilisés. Soit par empreinte cérébrale (électroencéphalogramme) ou imagerie médicale (IRM). Apparemment l'empreinte cérébrale obtenue par électroencéphalogramme serait acceptée dans certains états américains comme une preuve scientifique, au même titre que les empreintes digitales ou génétiques.
Visiophone et domotique
L’appel vidéo de Rick Deckard à Rachael est un exemple de situation où la technologie actuelle a rattrapé celle présentée dans le film.
Deckard est cerné par les appareils électroniques chez lui, notamment de reconnaissance vocale. Il utilise une identification d'empreinte vocale pour rentrer à son domicile. Et a recours à une carte électronique pour ouvrir sa porte d'entrée, comme dans les hôtels aujourd'hui.
On voit Eldon Tyrell utiliser également un assistant virtuel chez lui. Par contre il s'éclaire avec des bougies !
Photographies
Contrairement au film les photos Polaroid ne sont plus autant en vogue en 2019 qu'à l'époque. Bien que le système soit ressorti avec la mode du vintage.
Les réplicants ont recours aux photos pour prouver à eux-mêmes autant qu’aux autres qu’ils ont existé en un temps et un lieu passés.
Rachel montre ainsi une photo d'elle et sa mère (enfin c'est ce qu'elle croit).
Tiens d'ailleurs, détail troublant, dans une scène coupée du film, Deckard observe une photo de lui où il pose avec son ex-femme, devant une maison qui ressemble beaucoup à la maison d’enfance de Rachel.
La machine Esper que Deckard utilise dans son appartement est un scanner couplé à une imprimante et à un système d’affichage, le tout est piloté par sa voix. Elle lui permet de trouver des indices en effectuant des zooms sur les différentes parties d'une photo grâce à un quadrillage et de distinguer des éléments qui n'étaient pas visibles auparavant.
Apparemment il existe des logiciels capables de créer des vues 3D interactives à partir d'une seule image en 2D.
Voiture volante
Les voitures volantes de "Blade runner" sont des spinners, elles peuvent rouler comme un véhicule terrestre et décoller aussi bien verticalement qu'horizontalement.
Comme je le racontais déjà dans mon dossier sur "Retour vers le futur" qui se déroulait en 2015 (ICI), la voiture volante est un des grands fantasmes des films sur le futur : "Le 5ème élément", "Judge Dredd", etc... Elle est pourtant encore bien loin d'envahir nos voies aériennes.
Colonies sur Mars
Après le débarquement de l'homme sur la Lune en 1969, Mars constitue la prochaine étape de la conquête spatiale mais ce n'est pas pour tout de suite. Même si lors d'un discours prononcé à l'occasion des 50 ans d'Apollo 11 (juillet 2019), la Nasa a fixé 2033 comme objectif pour envoyer une mission vers la Planète rouge.
Ca semble quand même très optimiste !
Environnement et mondialisation
La situation environnementale de notre planète n’est pas aussi dramatique que celle du film, mais la pollution est tout de même massive et certaines espèces animales et végétales ont déjà disparu.
On vit également, comme dans le film, dans le monopole des multinationales tentaculaires et la mondialisation. Et l'aspect consumériste est bien décrit avec les très nombreuses publicités qui apparaissent sur les panneaux géants.
Aujourd'hui on est cerné par les images et la publicité, partout, tout le temps.
Storyboards originaux
Voici des storyboards de 1982 avec des annotations manuscrites. Ca me fascine toujours de voir ce genre de documents d'époque.
Clichés non officiels
Entre deux prises du film, l’actrice Sean Young a réalisé toute une série de polaroids des coulisses du tournage. Les couleurs et les lumières spécifiques du flash de cet appareil donnent tout leur charme aux images.
Pour la petite histoire, Polaroid était aussi une des marques présentes dans le film, au même titre que Atari, Coca Cola et TDK.
Des selfies avant l'heure !
Quelques photos insolites et drôles des acteurs en pleine détente entre deux prises.
Ci-dessous une courte vidéo de Rudger Hauer lors de sa scène finale sous la pluie. Il a dû en baver le pauvre avec ces conditions difficiles.
Et enfin, pour clore ce très gros dossier sur une note douce et pour rendre hommage à Vangelis, disparu le 17 mai 2022, voici son splendide "Love theme" avec Deckard et Rachel.