Les 13 épisodes de 30 mn furent diffusés à partir du 5 janvier 1977 sur TF1 dans l'émission "Les Visiteurs du mercredi".
C'est Gunnel Linde qui a elle-même scénarisé l'adaptation de son roman et c'est Göran Graffman qui l'a réalisé en 1973 pour la Sveriges Television (SVT, télévision publique suédoise). Il a été diffusé dans plus d'une vingtaine de pays, de la Martinique au Sénégal en passant par le Canada et le Japon. C'est un des programmes pour les enfants les plus populaires de tous les temps en Suède où la série est rediffusée régulièrement.
Chez nous elle a été rediffusée en janvier 1980, toujours dans "Les Visiteurs du mercredi".
Voici les livres : à gauche l'édition originale en suédois, au centre une version allemande avec un trés joli dessin et à droite le livre en français paru en 1976 qui reprend le visuel du feuilleton : "Exploits pour une pierre blanche" aux Editions Bibliothèque de l'amitié.
L'histoire
La série raconte l'histoire de deux enfants âgés d'une dizaine d'années, Florence et Jean-Paul. Florence est la fille de la professeur de piano du village, elles habitent en location dans une aile de la maison du juge. Il y a également la tante Malin qui s’occupe de la petite-fille. Les enfants se moquent d’elle à cause du métier de sa maman.
La vie n'est pas très drôle, elle s’ennuie dans la grande maison du juge, elle n'a pas le droit de faire du bruit, de marcher sur l'herbe ou de grimper sur les barrières dans le beau jardin entourant la maison. Elle peut juste se poster derrière ces barrières et regarder au dehors ou se réfugier dans le saule pleureur qui lui procure une bonne cachette.
Ci-contre à droite les jaquettes des VHS d'époque en version originale.
Jean-Paul est quant à lui issu d'une famille plus pauvre, il est le neveu orphelin du cordonnier et contrairement à la fillette il est plutôt turbulent, intrépide et extraverti. Comme la famille déménage très souvent, il n´a pas vraiment d´amis et dès qu´il arrive dans un village, il essaie de s´imposer comme le plus fort, n´hésitant pas à jouer de mauvais tours. Sa maison se trouve juste en face de celle de Florence.
Un jour pendant l'été, Jean-Paul dérobe à Florence la pierre blanche qu'elle possède. C'est le début d'une série de défis qu'ils se lancent l'un l'autre pour conserver ce fameux trésor, le lien de leur amitié. Le pacte établi entre eux est le suivant : celui qui remporte l'épreuve garde la pierre jusqu'au prochain défi. Il s'agit par exemple de dessiner un visage sur l'horloge du clocher, de voler et conduire l’éléphant du cirque chez l’institutrice et de l’attacher à la grille de son jardin, d'aller jouer sur le piano du café ou de rester muet toute une journée.
Yeux et bouche sur l'horloge
Je me souviens particulièrement de l'épisode où le défi consistait à faire une bouche et des yeux à l'horloge de l'église du village. Jean-Paul sortait subrepticement la nuit de chez lui en pyjama et prenait son vélo pour se rendre à l’église.
Ensuite il se déguisait en zombie en enlevant son haut de pyjama et en se maquillant les yeux et le torse avec du charbon de bois puis il trempait des pommes dans du goudron avant de les lancer sur le cadran pour dessiner des yeux et un sourire sur l'horloge. Ce passage-là est resté gravé à tout jamais dans ma mémoire et pourtant je n’avais que 7 ans. J’avais été impressionnée à l’époque par le courage, l’audace et surtout l’ingéniosité du petit garçon.
Défis d'enfant
"La Pierre blanche" était un très joli feuilleton sur l'enfance, plein de poésie et d'émotion. Les deux petits acteurs, Julia Hede (Florence/Fia en suédois) et Ulf Hasseltorp (Jean-Paul/Hampus en suédois), étaient vraiment adorables et j'aimais beaucoup tous ces moments qu'ils passaient à se promener et à jouer dans la nature, ça me rappelait tout à fait mes vacances à la campagne chez mes grands parents à la même époque.
On a tous fait des défis comme ceux qu'ils se lançaient quand on était petit nous aussi et la petite phrase "t'es pas cap' !" fleurissait souvent dans nos échanges entre gamins. Et puis la fameuse pierre est vraiment aussi un truc typique des enfants. Lequel d'entre nous n'a pas un jour conservé dans sa poche un joli galet tout doux qu'il avait trouvé au gré de ses balades ?
Cela m'arrive encore régulièrement de regarder par terre lorsque je me promène pour en trouver et quand mes fils étaient petits, je tombais souvent en souriant sur ce genre de pierre dans leurs poches de pantalon, il y a des choses immuables comme ça... c’est marrant et attendrissant.
Je me souviens que je faisais souvent comme Florence quand j'étais petite : j'aimais passer doucement mes mains sur la surface polie des pierres que je trouvais, les galets en bord de mer notamment. J'aimais les mettre dans ma poche et les ressortir pour les toucher de nouveau. Et puis tout comme elle, j'aimais aussi les passer sur mon visage et sentir le côté froid et lisse sur ma peau.
C'est étonnant parce que je n'ai pas vu beaucoup d'épisode de ce feuilleton mais il m'a énormément marquée. Et lors de mes premières balades sur le net, au début des années 2000, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de personnes qui comme moi avaient gardé le souvenir de cette série et qui cherchaient vainement des renseignements et des images. Ca a quelque chose de très rassurant de trouver autant de gens qui s’en souviennent, parce que j'avoue que je commençais à me poser des questions à force d'en parler autour de moi et que ça n'évoque rien à personne.
Le plus étonnant c’est que l’on trouve des discussions sur la série sur les forums de dizaines de pays différents et dans toutes les langues : en anglais, en espagnol, en portugais, en japonais, en norvégien, en allemand etc... ça m’a beaucoup surprise lors de mes recherches pour concocter ce sujet.
J'ai été particulièrement marquée aussi par le générique qui est très beau mais très triste, on y voit la petite fille passer la pierre sur son visage et ses lèvres, le tout accompagné par une magnifique musique mélancolique au piano (elle a été composée par Bengt Hallberg). Tout cela donnait un mélange à la fois tendre et très étrange. C’est ce cocktail original qui m’a beaucoup plu dans le feuilleton.
La série abordait des thèmes importants de l'enfance, la différence sociale, la solitude, l'amitié, l’émerveillement et le monde de l'imaginaire.
Evidemment tout cela ne dira rien aux plus jeunes d'entre vous, il faut être né avant 1972 pour avoir des souvenirs de la série (ou vivre en Suède !) et puis il faut aussi avoir eu la chance d'être devant son petit écran les mercredis où cela passait. Mais malgré cette petite probabilité, il y a partout sur le net des nostalgiques qui évoquent la série.
L’actrice Julia Hede Wilkens est née en 1962 et avait 9 ans au moment du tournage. Elle a participé à quelques autres films mais s’est surtout consacré à la photo et à la production télévisuelle depuis.
Quant à Ulf Hasseltorp, il est né en 1960 et était âgé de 13 ans à l’époque du feuilleton. Il a participé à quelques films après le feuilleton jusqu’au milieu des 80’s, mais je n’ai trouvé aucune trace ensuite.
Ci-dessous le réalisateur Göran Graffman lors du tournage.
Voici pour finir le fameux générique du feuilleton.